En Afrique de l’Ouest, le taux d’accès à l’électricité est de 52 % en moyenne, avec des coupures d’électricité pouvant atteindre 80 heures par mois (Banque Mondial, 2018). À 0,25 dollar le kilowattheure, l’électricité demeure cependant très chère dans la région et coûte deux fois plus que le prix moyen dans le monde (Banque Mondial, 2018). La demande intérieure dans les pays d’Afrique de l’Ouest est souvent trop faible pour attirer des investissements dans de grands projets, capables de réaliser des économies d’échelle. De ce fait, les pays de l’Afrique de l’Ouest dépendent généralement de petites centrales au fioul très coûteuses. Et, en l’absence de planification, ils sont contraints de louer des centrales électriques, ce qui augmente encore les coûts. L’accès à l’énergie reste difficile, car de nombreux pays sont dépendants de combustibles fossiles très onéreux.
Il est donc essentiel que les pays voisins d’Afrique de l’Ouest collaborent entre eux pour améliorer l’accès à une électricité fiable. Selon la Banque mondiale, l’établissement d’un marché régional unifié de l’énergie permettrait d’économiser entre cinq à huit milliards de dollars par an : en important de l’électricité moins chère, les pays auraient ainsi accès à une énergie abordable, fiable, moderne et générant moins d’émissions de CO2. D’où la nécessité de la création d’un marché régional de l’électricité.
Le marché régional de l’électricité est défini par la CEDEAO comme « l’ensemble des échanges transfrontaliers d’énergie électrique à caractère onéreux et des services associés, réalisés à travers le Réseau de transport dans l’espace de la CEDEAO ».
En pratique, des Etats membres se mettent d’accord pour augmenter la taille de leur marché de l’électricité, en passant du niveau national au niveau régional ou interrégional et en créant des interconnexions électriques.
Cela présente l’avantage, entres autres, de :
– rationaliser le déploiement des infrastructures et d’optimiser leur maintenance : de nombreuses zones à haut potentiel énergétique sont situées aux frontières (ex : le fleuve Sénégal pour l’énergie hydraulique). Au lieu de créer deux centrales hydrauliques sur le même fleuve, les Etats n’en construiront qu’une, avec plusieurs lignes de transport de l’électricité ;
– mutualiser les investissements nécessaires dans le secteur de l’électricité : les Etats financeront à plusieurs les installations nécessaires ;
– pallier la variabilité des énergies renouvelables intermittentes et de la consommation ;
– améliorer la résilience des systèmes électriques de la zone.
Concrètement, les pays producteurs d’énergie (dont le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Ghana) pourront bénéficier de l’amélioration des infrastructures grâce à des investissements partagés et de la possibilité de vendre leurs surplus ponctuels d’électricité. A l’inverse, les pays enclavés et pauvres en électricité (dont le Mali, le Niger et le Burkina Faso), pourront bénéficier de sources fiables, efficaces et abordables d’importations d’électricité.
Par ailleurs, le secteur de l’électricité nécessite d’être régi par un cadre légal clair, encadré par une régulation juste et transparente, ainsi qu’une planification cohérente et des conditions de tarifications de rachat de l’électricité attractives. Ce qui n’est pas encore le cas, mais qui pourrait être établi par un marché régional.
Par ricochet, le marché régional de l’électricité sera plus attractif pour les investisseurs, les producteurs d’électricité seront plus nombreux et seront donc mis en concurrence, ce qui conduira à des prix de l’électricité plus transparents et plus compétitifs pour les consommateurs.
Le marché régional de l’électricité de l’Afrique de l’Ouest rassemble 14 pays – Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo – et 27 entreprises nationales d’électricité qui œuvrent de concert à la création d’un marché régional unifié de l’électricité.